Mahâbhârata
Histoire de Nala et Damayantî (Nalopakhyânam)
Livre III - 50 à 77
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Les cinq fils de Pându viennent d'être exilés dans la forêt pour une période de douze ans, à la suite de la malencontreuse partie de dés où Yudhishthira a tout perdu. Pour les consoler, quoi de mieux que l'histoire de Nala, un roi qui, comme eux, perd tout aux dés, et dont l'histoire finit bien. Après un mariage mouvementé, où les dieux cherchent à lui disputer Damayantî, Nala joue aux dés avec son frère et perd son royaume. Il part en exil dans la forêt, y abandonne son épouse et, transformé en nain par la magie d'un serpent, devient cocher du roi Rituparna. Damayantî pleure dans la forêt, cherchant son mari :
Hélas, héros sans reproche, tu m'aimes pourtant ! Pourquoi ne me réponds-tu pas, dans cette forêt sauvage ?
Déjà le lion affamé, effrayant et terrible, la gueule grande ouverte, me menace.
Pourquoi ne viens-tu pas à mon secours ? Je n'en aime pas d'autre que toi, chère épouse !" - disais-tu alors. Cet engagement, tiens-le, ô noble roi .
Je deviens folle, je gémis, moi ton épouse aimée. Je t'aime, et tu m'aimes ! Pourquoi ne me réponds-tu pas ?
Je suis affaiblie, désespérée, défaite, sale, ô roi vénérable. Je suis seule, enveloppée d'un bout d'étoffe, je gémis comme une orpheline.
Comme une gazelle séparée du troupeau, je pleure. O guerrier clairvoyant, tu ne me rends pas justice !
Je suis toute seule ici, dans cette immense forêt, je t'appelle, ô grand roi, mon mari. Pourquoi ne me réponds-tu pas ?
Aujourd'hui, dans ces montagnes, dans cette terrifiante forêt, repaire des lions et des tigres, je ne te verrai pas, mon beau et noble roi ?
Je ne te verrai pas dormir, t'asseoir, te lever, marcher ? Tu te plais à me faire de la peine.
A cause de toi, je succombe au malheur. Ah, si je pouvais demander : "Quelqu'un a-t-il vu le roi Nala, ici, dans cette forêt ?"
Qui me dira si Nala est encore ici ? On le reconnaît à sa beauté, à son courage, ce guerrier puissant.
Qui m'annoncera cette douce nouvelle : "Celui que tu cherches, le roi Nala, dont les yeux ont la splendeur du lotus, le voici ! " ?
Un lion majestueux et sans rival s'approche de moi, quatre crocs pointant de sa puissante mâchoire. Je ne crains pas de l'interroger:
"Seigneur, roi des animaux, maître de ces forêts, sache que je suis Damayantî, la fille du roi de Vidarbha,
"L'épouse du valeureux Nala, roi de Nishadha. Seule, misérable, désolée, je cherche mon mari. Si tu as vu Nala, console-moi bien vite, Seigneur lion.
"Mais si tu ne peux rien me dire, toi qui règnes sur la forêt et ses habitants, alors dévore-moi et abrège les souffrances d'une malheureuse.
Ce lion a entendu ma plainte, et pourtant il se sauve là-bas, vers ce fleuve aux eaux pures.
Puis elle est recueillie par une caravane. Las ! Celle-ci sera détruite par des éléphants sauvages :
Au milieu de la nuit tous les bruits s'étaient tus. Tous dormaient épuisés.
Soudain un troupeau d'éléphants écumant de fureur s'approcha de l'eau pour y boire,
Et l'acculant à l'étang, il piétina sauvagement la grande caravane endormie qui se débattait à terre.
Cris de terreur de partout ! Fuite éperdue à la recherche d'un refuge dans les fourrés !
Frayeur de ceux qui sont tirés de leur profond sommeil ! Les uns sont tués à coup de défenses ou de trompes, les autres meurent écrasés.
Et cette mêlée de gens et de vaches, d'ânes, de chameaux, de chevaux s'entre-tue dans sa course affolée.
Ils tombent en poussant des cris terribles, ils sont broyés contre les arbres auxquels ils s'agrippent, ou précipités dans des ravins. Et tout est dispersé, caravane et richesses.
Le lendemain, les rescapés, sortant des buissons, pleurent la mort, qui d'un père, qui d'un frère, qui d'un fils ou d'un ami.
Mais Damayantî saura retrouver Nala, malgré sa transformation, et celui-ci retrouvera et son apparence et son royaume.
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