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virâta
 
 


Mahâbhârata
La treizième année



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Le Livre de Virâta se divise ainsi:

Installation des Pândava
Meurtre de Kîchaka
L’enlèvement des troupeaux
Le mariage

Installation des Pândava (IV, 1-12)

Les Pândava doivent passer la treizième année de leur exil sans être reconnus. Ils décident de la passer chez Virâta, le roi des Matsya. Mais auparavant, ils doivent cacher leurs armes:

(Yudhishthira dit:)

Où abandonnerons-nous nos armes, avant d’entrer dans la ville ?

10.Si nous entrons armés dans la ville, mon cher, nous alarmerons immanquablement la population.

148*L’arc Gândîva et la grande massue sont connus de tous. Si nous entrons avec ces armes dans la ville, les gens nous reconnaîtront, c’est certain.

11.Et si un seul d’entre nous est reconnu, nous le serons tous. Alors, nous devrons séjourner à nouveau douze années dans la forêt.

Arjuna dit:

12.Sur ce sommet, ô roi, il y a un grand acacia touffu aux branches formidables: il est difficile à escalader, il pousse près d’un cimetière.

13.Là-bas, ô roi, personne

152*Ne nous verrait déposer nos armes.

13...Cet arbre pousse à l’écart des sentiers, dans une forêt habitée de féroces bêtes sauvages.

  1. 14.Après y avoir déposé nos armes, nous irons à la ville, où nous séjournerons comme nous l’avons décidé.

................

170*.Yudhishthira, le fils de Kuntî, ordonna: « Nakula, grimpe sur cet acacia et caches-y nos armes.»

25.Nakula grimpa et déposa les arcs. Il choisit un endroit qui semblait sûr,

26.Et où il voyait que la pluie arrivait obliquement et là, il les attacha étroitement avec des cordes solides.

27.Puis les Pândava y attachèrent en plus le corps d’un homme mort. Ainsi, sentant cette odeur fétide, les gens s’écarteront et diront: « Ce n’est qu’un cadavre attaché à l’arbre ».

28/29.    Aux bouviers et aux bergers qui les interrogeaient, ces guerriers répondirent en disant: « C’est notre mère, âgée de cent quatre-vingts ans. Nous suivons une coutume familiale pratiquée par nos ancêtres: dans cet arbre, se trouvent nos parents ». Puis les fils de Prithâ (les Pândava), ces destructeurs d’ennemis, s’approchèrent de la ville.


Ils se déguisent en prenant une identité et un nom d’emprunt. À leur arrivée à la ville, le roi Virâta les embauche sous leur métier d’emprunt: Yudhishthira, brâhmane maître de jeu, Bhîma, cuisinier et lutteur, Arjuna, travesti, maître de danse, Nakula, maître vacher, Sahadeva, maître palefrenier, Draupadî, servante.


Meurtre de Kîcaka (IV, 13-23)

Kîcaka, le commandant en chef des armées de Virâta et son beau-frère, veut profiter de Draupadî. Celle-ci fait semblant de lui donner rendez-vous à la nouvelle salle de danse, et envoie Bhîma à sa place. Celui-ci se cache, saute sur Kîcaka et le réduit en bouillie:

Vaishampâyana dit:

38.Alors aussitôt, Bhîma partit dans la nuit et se cacha comme un lion à l’affût d’une gazelle. Invisible, il attendait Kîcaka.

39.Quant à Kîcaka, qui s’était fait beau, il alla, selon son désir, à l’heure du rendez-vous attendre Pâñcâlî (Draupadî) dans la salle de danse.

40.Songeant à son rendez-vous, il entra dans cette grande salle plongée dans l’obscurité. Une fois entré,

41.Ce pervers tomba sur Bhîma à la force sans égale, arrivé avant lui dans ce lieu solitaire.

42.Le sºta avança sa main vers sa mort, vers Bhîma étendu sur le lit, que la vue de Krishnâ (Draupadî) avait enflammé de colère.

43.Kîcaka éperdu de désir, concupiscent et obsédé, s’approcha de lui, et dit en souriant:

(Kîcaka dit:)

44.Je t’ai promis une infinité de richesses diverses. Tenant compte de cette promesse, je suis venu aussitôt auprès de toi.

45.Ce n’est pas sans raison que les femmes du palais m’admirent en disant: « Aucun homme n’est aussi beau et aussi bien mis que toi ».

Bhîma dit:

46.Heureusement que tu es beau ! Heureusement que tu t’admires toimême ! Mais tu n’as pas encore été caressé de la sorte !

Vaishampâyana dit:

47.À ces mots, l’intrépide Bhîma, le vaillant fils de Kuntî, bondit en éclatant de rire et saisit l’infâme Kîcaka par ses cheveux parfumés et ornés de guirlandes.

48.Saisi par les cheveux, Kîcaka, très fort lui aussi, se dégagea d’un coup sec et saisit le fils de Pându (Bhîma) aux deux bras.

49. Entre ces deux furieux eut lieu un corps à corps comme entre deux puissants éléphants s’affrontant au printemps pour une femelle.

50.Bhîma, passablement ébranlé et trépignant de colère, fut jeté à terre d’un coup de genou par le solide Kîcaka.

51.Mais Bhîma ainsi jeté à terre par le très vigoureux Kîcaka se redressa tout aussitôt comme un serpent frappé par un bâton.

52.À minuit, le sºta (Kîcaka) et le fils de Pându (Bhîma), ces deux fous valeureux rivalisant de force, s’empoignaient dans la nuit déserte.

53.Alors la splendide salle de danse se mit à trembler tandis que les deux furieux rugissaient violemment l’un contre l’autre.

54.Bhîma frappa des deux poings la poitrine du solide Kîcaka, mais celui-ci, brûlant de colère, ne céda pas d’un pouce.

55.Le sûta (Kîcaka) supporta un temps cet assaut irrésistible pour un mortel, puis, sous sa violence, il lâcha prise, mis à mal par la force de Bhîma.

56.Voyant que Kîcaka avait le dessous, Bhîmasena l’ébranla avec force et le fit s’évanouir par ses coups sur la poitrine.

57.Haletant, furieux, Ventre-de-Loup (Bhîma), habitué à gagner, le saisit violemment par les cheveux une nouvelle fois.

58*.Le puissant Bhîma le saisit en hurlant, comme un tigre avide de chair saisit une grande gazelle.

59.Il lui enfonça entièrement dans le corps les pieds, les mains, la tête et le cou comme Pinâkadhrik (›iva) le fait avec les victimes sacrificielles.

  1. 60.Le puissant Bhîmasena, après l’avoir broyé et réduit à l’état de boulette de viande, alla le montrer à Krishnâ (Draupadî).


Il va falloir aussi que Bhîma se débarrasse, dans la plus grande discrétion, des 105 frères ds Kîcaka, qui voulaient placer Draupadî sur le bûcher de leur frère.

L’enlèvement des troupeaux (IV, 24-62)

Le roi des Trigarta s’allie avec les Kaurava pour aller s’emparer des troupeaux des Matsya, en profitant de la mort de leur commandant en chef. L’opération est un succès. L’armée de Virâta se met en route, et Virâta est fait prisonnier. De son côté, Duryodhana dérobe soixante mille vaches. Uttara, le fils de Virâta se met en route à son tour, avec Arjuna (sous son nom d’emprunt Brihannadâ) pour cocher. Mais, au moment d’engager le combat, Uttara a peur et fuit. Arjuna le rattrappe:

Vaishampâyana dit:

14.Le lâche Uttara, peureux par inexpérience, se lamenta auprès de l’audacieux et rusé Savyasâcin (Arjuna) qui le regardait:

(Uttara dit:)

15.Mon père est parti au devant des Trigarta et il m’a laissé dans un royaume vide. Il a emmené toute l’armée et je n’ai plus ici un seul soldat.

16.Moi qui suis jeune et inexpérimenté, je ne peux pas combattre seul des ennemis nombreux et bien entraînés. Fais demi-tour, Brihannadâ (nom d’emprunt d’Arjuna) !

Arjuna dit:

17.La peur te donne un aspect misérable, tu fais la joie de tes ennemis ! Personne n’a jamais rien fait de tel sur un champ de bataille !

18.Tu m’as dit toi-même: « Emmène-moi auprès des Trigarta ».Moi, je te conduirai là où se trouvent leurs enseignes innombrables.

19.Je te conduirai au milieu de ces Kuru belliqueux, avides de butin, même s’ils combattent sous terre.

20.Tu t’es engagé, devant les femmes et les hommes, à être brave, et tu t’es mis en route. Pourquoi ne veux-tu pas combattre ?

21.Si, par ta victoire, tu ne ramènes pas les vaches dans le royaume, les femmes et les hommes se moqueront tous de toi, ô guerrier.

22.Et moi, j’ai été loué par Sairandhrî (nom d’emprunt de Draupadî) pour mes exploits de cocher; je ne pourrais pas retourner à la ville sans avoir repris les vaches.

23.Comment pourrais-je ne pas combattre tous les Kuru, après l’éloge de Sairandhrî et l’ordre que tu m’as donné. Sois courageux !

Uttara dit:

24.Laisse les Kuru prendre, s’ils le veulent, les très grande richesses des Matsya et les femmes et les hommes se moquer de moi, ô Brihannadâ (Arjuna).

Vaishampâyana dit:

25.À ces mots, le guerrier aux belles boucles d’oreille, effrayé, sauta de son char et prit la fuite. Ce faible, abandonnant toute dignité, jeta son arc et ses flèches.

Brihannadâ (Arjuna) dit:

  1. 26.Les anciens n’enseignent pas que le devoir du guerrier est la fuite ! Il vaut mieux mourir au combat que fuir sous l’effet de la peur.

...................

37.Dhanamjaya (Arjuna), ô Bhârata, poursuivant Uttara qui s’enfuyait, parcourut cent pas rapidement et le saisit par les cheveux.

38.Saisi par Arjuna, le fils de Virâta se lamenta à grand cris, comme si le malheur l’avait frappé.

Uttara dit:

*671Écoute, ma belle Brihannadâ (Arjuna) à la taille fine, fais vite demi-tour. Seul celui qui est en vie connaît le bonheur !

39. Je te donnerai cent pièces d’or pur, des pierres précieuses et huit œils de chat étincelants, sertis d’or,

  1. 40.Un char attelé, muni d’une hampe d’or, et aussi des troupeaux, et dix éléphants furieux. Laisse-moi partir, Brihannadâ (Arjuna) !

Vaishampâyana dit:

41.En riant, Arjuna, ce vaillant guerrier, ramena près du char Uttara affolé, qui se lamentait comme il a été dit plus haut.

42.Alors le fils de Prithâ (Arjuna) dit à Uttara qui, de peur, perdait la tête:

Arjuna dit:

Si tu n’es pas capable de combattre tes ennemis, ô guerrier redoutable, alors, viens, conduis les chevaux, et c’est moi qui combattrai.

43.Protégé par la force de mes bras, va au devant de cette invincible armée de chars, terrible, conduite par des grands héros.

44.Ne crains rien, ô meilleur des princes, tu es de la caste des guerriers, un redoutable combattant. Moi, je combattrai les Kuru et reprendrai le bétail.

  1. 45.Sois mon cocher, ô meilleur des hommes et pénètre dans cette invincible armée de chars, difficile à affronter; c’est moi qui combattrai les Kuru.


Arjuna défait triomphalement tous les chefs des Kuru l’un après l’autre, et ramène les vaches au royaume.


Le Mariage (IV, 63-67)

La treizième année arrive à son terme et les Pândava se font reconnaître. Pour scellrs leur alliance, Virâta offre sa fille Uttarâ en mariage à Arjuna , mais celui-ci la refuse:

Virâta dit:

  1. 1.Pourquoi, ô noble fils de Pându, ne veux-tu pas épouser ma fille que je te donne en mariage ?


Arjuna dit:

2.J’ai habité dans les appartements des femmes, voyant sans cesse ta fille. En privé et en public, elle m’a fait confiance comme à un père.

3.Je lui étais cher, elle me respectait comme danseur et chanteur expérimenté. Ta fille m’a toujours considéré comme son maître.

4.J’ai habité toute une année auprès de ta fille dans la fleur de l’âge, ô roi. Dans ces circonstances, toi et ton peuple pourriez, à tort, penser à mal, ô seigneur.

5.C’est pourquoi, au sujet de ta fille, j’en appelle à toi, ô roi. J’ai été chaste, maître de mes sens, discipliné, j’ai respecté sa virginité.

6.Si je la prends comme belle-fille, je ne vois rien à craindre ni pour ta fille, ni pour mon fils, ni pour moi-même. Par ce moyen, tout sera clair.

7.Car je crains la calomnie et le mensonge, ô roi invincible. J’accepte ta fille Uttarâ comme belle-fille, ô roi.

8.Mon jeune fils, le neveu de Vâsudeva (Krishna), est comme un enfant des dieux. Il est chéri par Indra, et habile au maniement des armes.

  1. 9.Mon vaillant fils Abhimanyu, ô roi, est digne d’être ton gendre et l’époux de ta fille.


Et ainsi fut fait.


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